"On est de son enfance, comme on est d'un pays"

Antoine de Saint-Exupéry

jeudi 18 décembre 2014

La Roche du Corbeau








La Roche du Corbeau


Deux grilles s'ouvrent sur un rêve me portant vers d'étranges vaisseaux
À perte de vue, le monde en mon pays est partagé en couleurs diverses
Où dominent des verts et des bleus dissimulant des chemins de traverse
Des terres vierges parsemées d'épis de pins franchies de clairs ruisseaux
Les crêtes se voilent de brumes éthérées et d'un manteau de divine beauté
Elles se couvrent d'une gelée blanche tel l'océan paisible étincelant
Dans ce blanc silence où l'esprit des gisants hante les sentiers escarpés
Seul chuchote le cours d'eau qui serpente et ruisselle nonchalant
Il règne en mon pays tout en couleurs une atmosphère de conte de fées
La magie d'un instant de poésie qui parfumait mes pages de jasmins
Plus qu'une mélancolie dont le sol s'est nourri dans le sang et par l'épée
Où chaque arbre nous conte quantité d'histoires à leurs troncs en parchemins
Une reine apparut en ces lieux offrant aux flancs des montagnes, Trois-Épis
Allouant un glaçon contre trois épis de blé pour un avant-goût du paradis
Le diable furieux éparpilla d'un souffle à travers les collines usées par le temps
Mille maisons et naquit Labaroche, un havre de paix livré aux quatre-temps
Dans le petit matin, nous étions les petits lutins d'un monde à peine éclairé
Empruntant en toute saison et par tous temps le chemin des écoliers
Une étrange sensation me perçait le cœur en cette dernière année
Les vents ne portaient plus d'espérance dans le froissement de mes cahiers
Nous marchions comme des grands et sans se tenir par les mains
En rose et vert emmitouflés dans nos longues écharpes et nos petits bonnets
Le temps nous rattrapait par nos couleurs annonçant les enfants de demain
Nos ombres ne formant plus que quelque taches et dansant entre les genêts


Dans ce rêve d'enfant, nos pas foulaient impatients des soleils d'or florissants
L'innocence nous portait en chantant le cœur léger et chargé d'émotion
Au croisement de deux mondes, dense d'une réalité aux éclats rugissants
La course des saisons offraient mille couleurs à mon imagination
Mes yeux se ferment mes poumons se gonflent des effluves de résines
Je suis à nouveau dans les sentiers de mon enfance foulant les lits de myrtilles
Je sens cette vague de fraîcheur que les sous-bois emmagasinent
Nos voix chantent à la cime des arbres sous les pluies d'étoiles qui scintillent
Jamais cité ne fut plus majestueuse et forteresse ne fut plus infranchissable
Que La Roche du Corbeau surplombant la belle vallée de mon enfance
Turckheim, Niedermorschwihr restent au commun des hommes imprononçables
C'est un accent qui ne chante pas comme au sud, mais s'offre généreux sans exubérance


Valérie Naelle







lundi 15 décembre 2014

De sable et d'or




Fontaine Médicis-Jardin du Luxembourg-Paris
Galatée dans les bras du berger Acis


Arena y oro

C'est triste les fleuves
Ils sont toujours de départ en départ
Comme s'ils cherchaient à nous mettre à l'épreuve
Moi, j'aimerais être une lagune
Pour rester à refléter ton corps
L'édifier tel un rempart
Couvrir ta peau de sable et d'or
Y glisser mes doigts comme le vent sur les dunes
Sans percevoir le temps s'écouler
Aux creux de ma main, ton cœur le sceller

J'aimerais tant vouloir te sentir auprès de moi
Entre mes mains, je tiens ce livre de poèmes
Il est couvert de poussière, des parfums qui viennent de toi
De nos jours heureux, de mes heures froides, de ma Bohême
Je dépose à la stèle de nos souvenirs
Ces bouquets d'herbes mauves et sauvages
Les eaux du Lac ont ce gris sans âge
Sans ton éclat, sans ton retour, sans tes sourires
Dans ses eaux, j'ai retrouvé tous tes messages
Qui me parviennent et me rappellent ton visage

Je voudrais comme hier dans mes bras te serrer
Ne plus penser à rien, ni à personne
Et qu'au fond de mon cœur, tes mots d'amour résonnent
Comme ils chantaient sur tes lèvres déposées
Un été sans chercher à t'écrire, sans savoir pourquoi
Sous un soleil qui pâlit qui sent déjà l'automne
Tu ne sais combien, j'ai besoin de t'avoir auprès de moi
Lorsque la nuit ma mémoire frissonne
Aux eaux du Lac, j'envoie toutes mes prières
Pour qu'à jamais, tu demeures ma source et ma rivière

Mais déjà, il est tard, je ne sais plus écrire
Mon corps éreinté à s'endormir aspire
À ce rêve fou de t'avoir moins sage
Dans mes bras que je t'offre pour seul rivage
La nuit règne quelle étrange magicienne
Puisse au ciel se croiser ton étoile et la mienne
Pour que revienne le temps de nous aimer
Oui, tout bel amour ne devrait jamais s'oublier
Au lac, j'adresse toutes nos pensées égarées
Que ces eaux emportent à jamais nos cœurs blessés

Valérie Naelle







samedi 13 décembre 2014

Les couleurs de l'éclat






Quelles sont les couleurs de l'éclat
Elles ont votre sourire et aussi votre rire
Quelles sont les couleurs de l'éclat
C'est, cette chanson, mon cœur, mes rimes entraînantes
Ces mots murmurés à votre oreille
Quelles sont les couleurs de l'éclat
Votre voix que j'entends m'appeler par mon nom
Oui, c'est bien votre voix
Impossible d'imaginer qu'elles n'existent pas
Toutes ces couleurs gorgées d'éclats






" Mon cœur, mon petit cœur
Avec vos yeux d'enfant
Caché derrière cette jolie barrière
Que vous portez à votre joli nez
Vous avez l'éclat et vous êtes l'éclat
De toutes mes heures, de toutes mes journées
Demandez-le-moi encore
Quelles sont les couleurs de l'éclat
Vous ne me posez plus la question
Vous êtes déjà partis dans votre petit paradis
Revenez, car je vous... Non, je ne l'écrirais pas
Juste pour vous taquiner
Ma muse, vous êtes ma muse
Je reste malgré moi, votre belle enfant
Qui cherche encore toutes ces couleurs
A tout bel amour, je me défends
Pour rester la gardienne de votre cœur "




Murmurez ce petit poème et pour me défendre
De ces belles dames en blanc et noir, oui, je les mettrais en cendres
Je ne lutterais pas seulement en belle lionne, bien plus, en chef
Pour rester la gardienne de votre cœur en y déployant telle une nef
Toutes les forces de mes voiles grandes ouvertes jusqu'à vos lèvres
Ornant mes poignets de vos baisers, ces jolies pièces d'orfèvres
Oui, je saisirai vos lèvres pour les déclarer ma possession
Afin d'y déposer toute fière, ma plus belle concession
Une étendue vaste, bien plus grande que le monde
Où la terre immense de mes mots se ferait vagabonde
Subsistant seulement, de votre eau et de la mienne
Que je vous offre afin que jamais ailleurs, ne vous retiennent 



 Valérie Naelle






Des morceaux de mon coeur





Des morceaux de mon cœur

Je ne vous dirais jamais, je vous aime
Car mon cœur est empli de vous
À tel point essoufflé de vous aimer
Qu'il en meurt un peu plus chaque jour
Si les mots ne trouvent pas toujours leur place
Sans doute Manque-t-il à mon esprit peu d'horizons
Pour vous imaginer

Je ne vous dirais jamais, je vous aime,
En des termes qui n'auraient la douceur
Des vents et la fraîcheur des pluies
Si les mots me manquent sans doute
La raison vient-elle de ces émotions
Qui me submergent lorsque vos yeux
Se perdaient dans les miens

Je ne vous dirais jamais, je vous aime
Sans le penser vraiment par habitude
Pour couvrir et nourrir une certaine lassitude
Il me faudrait plus d'une existence
Pour remplir tous ces poèmes
Que je vous envoie à travers le temps
Et remonter l'espace qui nous sépare

Je ne vous dirais jamais, je vous aime
Ces mots claironnés en versets stériles
Affublés d'étoiles, de fleurs, quel mortel ennui
Il me manquera toute une vie
Pour mendier vos mains dans les miennes
Et sentir la caresse de vos baisers sur mes joues

Je ne vous dirais jamais, je vous aime
Tous ces mots qui perdent leurs sens
D'avoir été trop dits et trop entendus
Si mon cœur combat tous ces mots d'amour
C'est pour mieux en conserver la douceur
Sur ces bouts de papier, des morceaux de mon cœur
Qui vous sont offerts

S'il m'arrive de vous aimer tout de même
C'est un tout qui prend des allures de bohème
Où je donnerais bien plus que mon corps
Bien plus que ma vie, bien plus que mon sang
Juste pour vous nourrir

Je n'aurais jamais assez de vie et de temps pour vous dire
Je t'aime, je t'aime
Que je sème en grains d'éternités où fleurissent des champs d'éternels
Où meurent des poussières d'étoiles qui illuminent mon cœur
  

Valérie Naelle   






samedi 6 décembre 2014

Les voiliers en cage




Genève 2014


Les voiliers en cage


Je conserve vos verts et vos bleus au fond des yeux 
Des améthystes et des émeraudes qui scintillent
Joyaux immobiles au cœur d'un pays aux versants soyeux
Dont les eaux abritent à leurs surfaces de fragiles flottilles

De gracieux bateaux toutes ailes déployées et parées d'élégance
Sur le lac Léman, les voiliers sont comme de grands oiseaux en cage
Qui cherchent à la force des vagues et des vents quelle arrogance
À s'affranchir de l'horizon sans jamais en trouver le passage

Vos verts et vos bleus s'inspiraient de nos secrets d'enfants cachés
Sur des feuilles mobiles aux encres vives à peine séchées
Où l'on osait se dire, je vous aime qu'en timides murmures
Nous n'avions alors que la course des nuages pour seules armures

Le temps a comblé peu à peu entre les feuilles de l'arbre de nos vies
Ces petits vides où tous les vers bleus dans l'enfance qui survit
Meurent lentement effaçant toutes nos promesses et nos messages
Ces belles confessions murmurées à l'orée du dernier passage

Je garde vos vers bleus, ces belles sources vives
Qui comblèrent ma mélancolie et mes heures oisives
J'emporte précieusement en mon cœur la douceur de vos rivages
Toutes ces couleurs qui ont fleuri mon âme en si jolis paysages


Valérie Naelle

samedi 29 novembre 2014

Mon coeur est noir



L'enfant de L'Île aux Nattes



Mon cœur est silence



Mon cœur est noir
Mon cœur est silence
Sans espoir, sans désespoir
Il franchit le monde sans violence
Tel un pygargue blessé
Qui ouvre ses ailes sur la brisure du temps
Mon cœur est noir des forces du passé
Lumineux comme un jour de printemps


Mon cœur est noir
D'essence libre, d'essentiel
À chaque battement, mon histoire
S'inscrit dans un ciel
Aux nuages crevés par vos lumières
Dans un monde embrassé par les enfers
J'accroche mes  rêves et mes prières
À mes poignets, à mes pieds, je vis sans fers


Mon cœur est noir
Comme la paroi lisse d'une tombe
Aussi pur que la glace et le miroir
Comme s'il rentrait d'outre-tombe
Ma voix est mon cœur
Profonde comme l'océan
Si parfois, elle vous fait peur
La faute vient de mon attrait au néant


À l'étendue de mon cœur reposent des pluies noires
Dont la magie s'étend en vastes territoires
Sur ces plaines d'oublies, en errance
D'une encre noire celle de l'espérance
J'écris contre tous ces maux et l'insoutenable
Contre ces cauchemars que les vents de sable
Apportent en messages de terreur
J'écris contre toute cette horreur


J'offre à vos cœurs mes fleurs noires
Mon bouquet d'amour en douces notes d'espoir
Pour que vos filles et vos fils se souviennent
De l'histoire et qu'à jamais, ils retiennent
Ces tristes heures où nous perdions la foi
Où nos convictions se figeaient dans l'effroi
J'offre à vos cœurs mes noires pensées
Qu'elles vous ouvrent grandes les portes du passé


Valérie Naelle



samedi 15 novembre 2014

La Corne d'Appel





Tafitsaka


La Corne d'Appel 



À tous les bateaux, à tous les marins du port
Écoutez ce chant qui fait battre mon cœur
À tous les océans, aux vagues déchaînées
Entendez-vous rugir la corne d'appel
À tous les vents, aux pluies diluviennes
Soufflez, battez la terre par cette chanson
Aux rugissements des volcans, à la dominance des chutes
Nourrissez mon âme de ce feu, de cette eau pure
Nés d'un temps survenu des profondeurs des siècles

Sur le lit de mon enfance sont déposés
Tous ces mots griffonnés au brouillon
Ces mots merveilleux au goût de miel
Ces mots murmurés qui font vibrer nos cœurs
Je touche comme pour la première fois
Ce passé en baiser à vos lèvres que j'aimais
Le souvenir dans la durée a laissé sauve
Tous ces gestes d'amour, nos tableaux
Qui semblaient égarés

Avez-vous entendu la corne d'appel
Celle qui d'un long refrain claironne sans aucune fin
Cette douce chanson qui parle en latin
D'un amour, le vôtre et le mien
D'une main, je vous donne donc ce refrain
Parce que oui, je m'en souviens
Lorsque je vous écrivais que je vous aimais
En dessin au fusain, vous suiviez mes traits
Deux cœurs en un accouplés, mais jamais au matin

À tous les bateaux, à tous les marins du port
Dispersez ce chant aux quatre vents
Du nord au sud, d'est en ouest
Que naisse autour de la terre
Cet amour claironné par la corne d'appel
Ce bel amour qui traversa le temps
Puis dansez en ronde ces notes et versets
Qui parle d'un amour à jamais oublié
De baisers volés, de doux secrets accordés

Prenez et buvez à grande eau
Ma chanson chantée par ma corne d'appel
Cette chanson, vous pouvez la coucher dans vos cahiers
Conservez et protégez ainsi nos secrets
Puis laisser les franchir le temps et l'espace
Qui séparent nos esprits et nos doux sentiments
Prenez et buvez à grande eau
Cet amour qui vit à jamais
Au son mélodieux de ma corne d'appel

Valérie Naelle



lundi 10 novembre 2014

Les vents contraires





Serments d'Amour


Aux vents contraires, je fais une prière
Celle de ne jamais oublier vos serments d'amour
Vos versets coulaient tels des bras de rivières
Et comblaient mon cœur jour après-jour

Aux vents contraires, je fais cette requête
Croiser nos destins et qu'à jamais demeure
Vos mots murmurés qui résonnaient en fête
Et coloraient mes joues de belles couleurs

Aux vents contraires, je plaide pour nos deux cœurs
Contre le temps et ces chemins qui nous séparent
Combien de fois n'ai-je espéré à force de pleurs
Vous effleurer plus encore, que nos liens se répare

Aux vents contraires, je demande une trêve
Afin que nos toujours soient à jamais protégé
Que le poids de l'oublie n'écrase mon rêve
Celui de vous tenir encore pour vous bercer

Aux vents contraires, je reste seule et le demeure
Une survivante sans complainte à vos silences
Si mon cœur vous a semblé si loin de vos heures
C'est dans l'abstinence que j'ai survécu votre absence

Aux vents contraires, je fais une dernière prière
Parcourir libre la douce chaleur de vos océans
Gonfler mes voiles jusqu'à vos lumières
De ma bouche insuffler à nos vies les forces du néant

 
Valérie Naelle






samedi 8 novembre 2014

Voyager dans la lumière du monde





Nosy Be




Bancs de sable



Les courants ont leurs mystères
Des eaux étranges où vont et viennent
Des vagues d'écumes blanches et légères
Que la brume enveloppe d'une étreinte tranquille
Les courants apportent et emportent des secrets
Tant de messages  échoués à nos pieds  
En mots tendres et murmures discrets
Lisses comme les galets que le temps compose


J'ai dans le cœur la magie noire chavirée
 Des courants liés aux bancs de sable
Dans mes yeux brillent des ciels rassurants
Que l'horizon enlace de teintes indéfinissables
J'ai ces bruns délicats sur ma peau
Que le soleil caresse paresseusement
Et je cache sous mon vieux chapeau
Des mots où les astres chantent délicieusement

Aux bancs de sable, j'abandonne mes couplets
Pour livrer aux vagues indécises mes mots
Ni manque, ni désespoir dans mon cœur
Seul mon amour traverse l'infini 
Aux bancs de sable, j'insuffle d'un baiser
D'un souffle de lumière 
La douceur de mon étreinte apaisée
Sur les bris de nos rivages désertés 
Mon cœur chemine sur la brise vagabonde
D'espérance noyée qui dérive intemporelle


Aux océans, aux dunes infranchissables
Où le vent et l'air fusionnent incorporels
Aux creux de mes mains glisse entre mes doigts
Les chants terrestres et le bruit du sable
Que l'univers enserre
D'un amour dont la source naît des étoiles


Croiser l'écume
Marcher dans les vagues
M'éblouir des bleus et des jaunes
Voyager dans la lumière du monde

Vivre
Détaché de tout
Vivre libre
Vivre



Valérie Naelle