"On est de son enfance, comme on est d'un pays"

Antoine de Saint-Exupéry

samedi 17 août 2019

La résonance des pierres







Dans un berceau de lumière
 Là où meurent les étoiles
 Mon voyage est une quête
Gravé sur la pierre séculaire
Du chapiteau de l'univers
Les yeux clos drapés d'un fin suaire
L'éternité pour unique conquête
Mon chant estampé sur la toile
Luit étincelant dans la poussière
 Du portail du temps entrouvert

Suis-je la plume céleste
Sur le radeau millénaire
Qui suit les corridors sans âge
 Et emporte au-delà du miroir funeste
Toutes les âmes égarées de l'enfer
Suis-je l'astre originaire 
Sans début, ni fin et raison
Dans la demeure aux mille rivages
Que l'éternité fige telle une sphère
Et pose sur l'éclat de l'horizon 

Dans la résonance des pierres 
Les yeux grands ouverts à la lumière 
Des mondes par milliers et dérivants 
J'emporterai le rire des enfants 
Qui murmurent aux fontaines 
Le souffle indomptable des vents 
La rutilance des soleils triomphants  
Toutes les forces que déchaînent
 La course effrénée des nuages 
Où danse le phénix en leurs sillages 

Suis-je de feu et d'eau 
Le verbe exalté et limpide 
À la source de l'écho originel 
D'où surgit la noirceur de l'infini
 Qui se glisse sur le soir 
Les cendres semées d'un chaos
Qui gravitent dans le vide
La dernière sentinelle
Où s'efface d'une lente agonie
L'éclat de nos mémoires 

Enluminé d'ombres obscures
Chaque instant sur la stèle
De la pierre de la mélancolie
Se mure du silence impalpable
De nos rêves inachevés
Dans ce voyage intemporel
D'ébènes essences abreuvées
Nos paroles soufflées par les sables
Qu'effleure d'une morsure l'oubli
 S'évaporent en nuée sur l’azur


 Valérie Naelle