"On est de son enfance, comme on est d'un pays"

Antoine de Saint-Exupéry

dimanche 1 février 2015

La fin du jour, la soirée arrive






La nuit tombe


À nouveau, tu vas me manquer
Je ne serai pas à ton banquet
Tu ne me verras pas sur ta rive

D'un froissement d'aile qui coupe l'air
Une pluie d'hirondelles traverse le ciel
Cisaille en menus feuillets mon cœur
Recouvre ma peau de blessures fermées
La fin du jour, la soirée arrive
Les libellules dansent sur l'eau
Elles partagent cet océan de rivière
Aux éphémères sorcières de laines
Les fées ont délaissé leurs robes
De fines dentelles et de brumes laiteuses
Leurs longues traînes filandreuses glissent sur l'eau
Recouvrant les bouquets de feuilles mortes

La fin du jour, la soirée arrive
Les derniers rayons de lumière émiettent mon cœur
Le jour et la nuit se croisent en deux mondes étranges
Vivre l'un sans l'autre
Une souffrance sans cesse redessinée en multiples traits 

La nuit tombe en creusant le silence aux étoiles
Le ciel scintille sous la coupe opalescente d'une lune
Troublée par le passage éphémère des nuages
Qui se disloquent à l'appel du vent
La fin du jour, la soirée arrive
Avec la nuit me parviennent ces peines amères
Des lames brûlantes d'épreuves et tant de questions
Qui ne trouvent de réponses que dans les remous
D'une eau qui chaque jour change son courant
Sa couleur est si sombre, elle cache trop de secrets
Qui naissent et s'oublient au gré des saisons
Dans un temps suspendu au fil de l'eau

La fin du jour, la soirée arrive
Comment mon souffle arriverait-il à passer dans le monde
Sans désirer vos baisers et vos terres si belles
Sans en conserver les contours à me perdre sur vos dunes

Se pourrait-il que les parfums les plus doux
Soient emprisonnés dans ces deux flacons de verre
De ces yeux où je découvre tant de peine
De ces mains posées l'une sur l'autre
La fin du jour, la soirée arrive
Les mots ont leurs silences et des plus singuliers
Des notes sourdes qui n'ont plus de raisons
Si peu en ce monde cherchent à les écouter
Votre chanson est arrivée à percer mon cœur
Elle me mande de garder cet amour pérenne
S'il est sublimé, c'est parce qu'il l'est
Avec son histoire en calice orné de grandes espérances

La fin du jour, la soirée arrive
Un manteau de velours noir recouvre la terre
La nuit saisit le jour, il en est ainsi depuis la nuit des temps
Telle est la fortune de ceux qui aiment et n'ont de richesses

Ils offrirent leurs cœurs en offrande aux berceaux étoilés
Leurs lèvres dessinèrent des chemins sous des pluies naissantes
Traçant sur ces voies la brûlure qu'engendre deux veines unies
Par le cœur et par l'esprit
La fin du jour, la soirée arrive
Les astres fixent émus cette femme au buste serti de satin blanc
Qui pose sur les genoux d'un amant, sa tête, découvrant une nuque
Où se lit que tous les courants retrouvent toujours le lit de l'océan
Ni jour, ni, nuit
Juste une chanson qui fait vœux et serments à lier deux âmes
Deux paroles offertes au temps

Valérie Naelle
Le Scribe