"On est de son enfance, comme on est d'un pays"

Antoine de Saint-Exupéry

dimanche 4 janvier 2015

Les Encres Amères






 En fait


Peu m'importe si tu liras ces mots un jour
Ce soir
J'ai besoin de les aligner sur ces feuilles
En espérant qu'avec elles s'envolera mon ardeur
Où l'encre amère de tes mots ne se glisserait plus
À chacune de tes lettres me renvoyant à mes désirs
Où la raison s'imposerait par solitude
Dans une impulsion légère, irrésolue


J'écris
Je me suis laissé prendre malgré moi
À ce jeu trop cruel
Auquel j'avais juré que l'on ne me prendrait plus
J'étais certaine que tu aimais notre histoire d'amour
Celle que tu modelais dans tes carnets
Bien plus que moi
Que je me nourrissais en vain de nos espoirs
Dans ces attentes interminables


Quelle Belle utopie !
Moi qui voulais échapper à cette possession
Ma Grande espérance !
Trouver un démenti à cette terrible certitude
Dans ce duel où nos couplets se croisaient
J'ai relu ce soir ta dernière lettre
Tes mots sont si chauds
Si présent encore
Qu'ils m'ont fait oublier un instant
Le froid de ce silence


Que tu m'écrives
En bel enfant sans verbe à livrer tes émotions
Je t'aime, énormément
C'était il y a trop longtemps et depuis il y a ce vide
À quoi bon, je n'attends plus tes mots
J'ai la consolation de tes lettres et me faut-il admettre
Qu'ils aient été pour moi, ces je t'aime si beaux
Ces puissants accords
Au temps qui passe et creuse ton absence
J'ai soudain envie de dire mes tourments
Murer définitivement les portes de mon cœur
Pour me convaincre que tu m'oubliais placide
Que je ne t'aimais plus, mais c'était là comme parier
Sur un jeu faussé d'avance


Mon cœur hurlait au feu du crépuscule
J'oublie !
L'écho en mon cœur me répondait
Jamais !
De mes yeux ont coulé souvent des
Reviens !
Si mes mots ont voulu te chasser de ma mémoire
J'imagine mes encres trop amères
Où je reste malgré moi le funambule
De mes propres mots où je te supplie
De rester encore en mon palais


Désormais
S'éparpilleront sur la douceur de mes pages
Ces morceaux de moi déposés en exil
Mes lettres luttant contre mes peurs, mes doutes
L'insupportable pesanteur de mon corps
Qui écrase mes pensées les plus légères
Où je saisis au bras de l'évidence
Oui, en t'écrivant ce soir
Je n'ai plus qu'à contempler dans ce combat
Ce cruel duel à l'écho de mon cœur
Le résultat de cette amère bataille
L'amertume de mes mots
Mon ultime défaite où je croyais te maudire
Et pensais bien ne plus t'aimer puis mourir
Pourtant


Ces mots demeureront gardiens de mes secrets
Où mon cœur conservera en palissade d'écume
Cette brûlure silencieuse, le mystère de ces encres amères



Valérie Naelle