"On est de son enfance, comme on est d'un pays"

Antoine de Saint-Exupéry

lundi 29 décembre 2014

En réaménagement de mon blog, je vous offre cet "Hommage à un grand Sage"




Discours du Chef Seattle


Discours prononcé en 1854 par Seattle (v. 1786-1866),chef des tribus Duwamish et Suquamish, devant le gouverneur Isaac Stevens.
Il s’agit de la traduction française de la version anachronique de Ted Perry.


Comment pouvez-vous acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre ?
L’idée nous paraît étrange. Si nous ne possédons pas la fraîcheur de l’air et le miroitement de l’eau, comment est-ce que vous pouvez les acheter ?
Chaque parcelle de cette terre est sacrée pour mon peuple.
Chaque aiguille de pin luisante, chaque rive sableuse, chaque lambeau de brume dans les bois sombres, chaque clairière et chaque bourdonnement d’insecte sont sacrés dans le souvenir et l’expérience de mon peuple.
La sève qui coule dans les arbres transporte les souvenirs de l’homme rouge.
Les morts des hommes blancs oublient le pays de leur naissance lorsqu’ils vont se promener parmi les étoiles. Nos morts n’oublient jamais cette terre magnifique, car elle est la mère de l’homme rouge. Nous sommes une partie de la terre, et elle fait partie de nous. Les fleurs parfumées sont nos sœurs ; le cerf, le cheval, le grand aigle, ce sont nos frères. Les crêtes rocheuses, les sucs dans les prés, la chaleur du poney, et l’homme, tous appartiennent à la même famille.
Aussi lorsque le Grand Chef à Washington envoie dire qu’il veut acheter notre terre, demande-t-il beaucoup de nous. Le Grand chef envoie dire qu’il nous réservera un endroit de façon que nous puissions vivre confortablement entre nous. Il sera notre père et nous serons ses enfants. Nous considérons donc, votre offre d’acheter notre terre. Mais ce ne sera pas facile. Car cette terre nous est sacrée.
Cette eau scintillante qui coule dans les ruisseaux et les rivières n’est pas seulement de l’eau mais le sang de nos ancêtres. Si nous vous vendons de la terre, vous devez vous rappeler qu’elle est sacrée et que chaque reflet spectral dans l’eau claire des lacs parle d’événements et de souvenirs de la vie de mon peuple. Le murmure de l’eau est la voix du père de mon père.
Les rivières sont nos frères, elles étanchent notre soif. Les rivières portent nos canoës, et nourrissent nos enfants. Si nous vous vendons notre terre, vous devez désormais vous rappeler, et l’enseigner à vos enfants, que les rivières sont nos frères et les vôtres, et vous devez désormais montrer pour les rivières la tendresse que vous montreriez pour un frère. Nous savons que l’homme blanc ne comprend pas nos mœurs. Une parcelle de terre ressemble pour lui à la suivante, car c’est un étranger qui arrive dans la nuit et prend à la terre ce dont il a besoin. La terre n’est pas son frère, mais son ennemi, et lorsqu’il l’a conquise, il va plus loin. Il abandonne la tombe de ses aïeux, et cela ne le tracasse pas. Il enlève la terre à ses enfants et cela ne le tracasse pas. La tombe de ses aïeux et le patrimoine de ses enfants tombent dans l’oubli. Il traite sa mère, la terre, et son frère, le ciel, comme des choses à acheter, piller, vendre comme les moutons ou les perles brillantes. Son appétit dévorera la terre et ne laissera derrière lui qu’un désert.
Il n’y a pas d’endroit paisible dans les villes de l’homme blanc. Pas d’endroit pour entendre les feuilles se dérouler au printemps, ou le froissement des ailes d’un insecte. Mais peut-être est-ce parce que je suis un sauvage et ne comprends pas. Le vacarme semble seulement insulter les oreilles. Et quel intérêt y a-t-il à vivre si l’homme ne peut entendre le cri solitaire de l’engoulevent ou les palabres des grenouilles autour d’un étang la nuit ? Je suis un homme rouge et ne comprends pas. L’Indien préfère le son doux du vent s’élançant au-dessus de la face d’un étang, et l’odeur du vent lui-même, lavé par la pluie de midi, ou parfumé par le pin pignon.
L’air est précieux à l’homme rouge, car toutes choses partagent le même souffle.
La bête, l’arbre, l’homme. Ils partagent tous le même souffle.
L’homme blanc ne semble pas remarquer l’air qu’il respire. Comme un homme qui met plusieurs jours à expirer, il est insensible à la puanteur. Mais si nous vous vendons notre terre, vous devez vous rappeler que l’air nous est précieux, que l’air partage son esprit avec tout ce qu’il fait vivre. Le vent qui a donné à notre grand-père son premier souffle a aussi reçu son dernier soupir. Et si nous vous vendons notre terre, vous devez la garder à part et la tenir pour sacrée, comme un endroit où même l’homme blanc peut aller goûter le vent adouci par les fleurs des prés. Nous considérerons donc votre offre d’acheter notre terre. Mais si nous décidons de l’accepter, j’y mettrai une condition : l’homme blanc devra traiter les bêtes de cette terre comme ses frères.
Je suis un sauvage et je ne connais pas d’autre façon de vivre.
J’ai vu un millier de bisons pourrissant sur la prairie, abandonnés par l’homme blanc qui les avait abattus d’un train qui passait. Je suis un sauvage et ne comprends pas comment le cheval de fer fumant peut être plus important que le bison que nous ne tuons que pour subsister.
Qu’est-ce que l’homme sans les bêtes ?. Si toutes les bêtes disparaissaient, l’homme mourrait d’une grande solitude de l’esprit. Car ce qui arrive aux bêtes, arrive bientôt à l’homme. Toutes choses se tiennent.
Vous devez apprendre à vos enfants que le sol qu’ils foulent est fait des cendres de nos aïeux. Pour qu’ils respectent la terre, dites à vos enfants qu’elle est enrichie par les vies de notre race. Enseignez à vos enfants ce que nous avons enseigné aux nôtres, que la terre est notre mère. Tout ce qui arrive à la terre, arrive aux fils de la terre. Si les hommes crachent sur le sol, ils crachent sur eux-mêmes.
Nous savons au moins ceci : la terre n’appartient pas à l’homme ; l’homme appartient à la terre. Cela, nous le savons. Toutes choses se tiennent comme le sang qui unit une même famille. Toutes choses se tiennent.
Tout ce qui arrive à la terre, arrive aux fils de la terre.
Ce n’est pas l’homme qui a tissé la trame de la vie : il en est seulement un fil. Tout ce qu’il fait à la trame, il le fait à lui-même.
Même l’homme blanc, dont le dieu se promène et parle avec lui comme deux amis ensemble, ne peut être dispensé de la destinée commune. Après tout, nous sommes peut-être frères. Nous verrons bien. Il y a une chose que nous savons, et que l’homme blanc découvrira peut-être un jour, c’est que notre dieu est le même dieu. Il se peut que vous pensiez maintenant le posséder comme vous voulez posséder notre terre, mais vous ne pouvez pas. Il est le dieu de l’homme, et sa pitié est égale pour l’homme rouge et le blanc. Cette terre lui est précieuse, et nuire à la terre, c’est accabler de mépris son créateur. Les Blancs aussi disparaîtront ; peut-être plus tôt que toutes les autres tribus. Contaminez votre lit, et vous suffoquerez une nuit dans vos propres détritus.
Mais en mourant vous brillerez avec éclat, ardents de la force du dieu qui vous a amenés jusqu’à cette terre et qui pour quelque dessein particulier vous a fait dominer cette terre et l’homme rouge. Cette destinée est un mystère pour nous, car nous ne comprenons pas lorsque les bisons sont tous massacrés, les chevaux sauvages domptés, les coins secrets de la forêt chargés du fumet de beaucoup d’hommes, et la vue des collines en pleines fleurs ternie par des fils qui parlent.
Où est le hallier ? Disparu. Où est l’aigle ? Disparu.
La fin de la vie, le début de la survivance.
Chef Seattle, 1854




http://fr.wikisource.org/wiki/Discours_du_Chef_Seattle_en_1854

jeudi 18 décembre 2014

La Roche du Corbeau








La Roche du Corbeau


Deux grilles s'ouvrent sur un rêve me portant vers d'étranges vaisseaux
À perte de vue, le monde en mon pays est partagé en couleurs diverses
Où dominent des verts et des bleus dissimulant des chemins de traverse
Des terres vierges parsemées d'épis de pins franchies de clairs ruisseaux
Les crêtes se voilent de brumes éthérées et d'un manteau de divine beauté
Elles se couvrent d'une gelée blanche tel l'océan paisible étincelant
Dans ce blanc silence où l'esprit des gisants hante les sentiers escarpés
Seul chuchote le cours d'eau qui serpente et ruisselle nonchalant
Il règne en mon pays tout en couleurs une atmosphère de conte de fées
La magie d'un instant de poésie qui parfumait mes pages de jasmins
Plus qu'une mélancolie dont le sol s'est nourri dans le sang et par l'épée
Où chaque arbre nous conte quantité d'histoires à leurs troncs en parchemins
Une reine apparut en ces lieux offrant aux flancs des montagnes, Trois-Épis
Allouant un glaçon contre trois épis de blé pour un avant-goût du paradis
Le diable furieux éparpilla d'un souffle à travers les collines usées par le temps
Mille maisons et naquit Labaroche, un havre de paix livré aux quatre-temps
Dans le petit matin, nous étions les petits lutins d'un monde à peine éclairé
Empruntant en toute saison et par tous temps le chemin des écoliers
Une étrange sensation me perçait le cœur en cette dernière année
Les vents ne portaient plus d'espérance dans le froissement de mes cahiers
Nous marchions comme des grands et sans se tenir par les mains
En rose et vert emmitouflés dans nos longues écharpes et nos petits bonnets
Le temps nous rattrapait par nos couleurs annonçant les enfants de demain
Nos ombres ne formant plus que quelque taches et dansant entre les genêts


Dans ce rêve d'enfant, nos pas foulaient impatients des soleils d'or florissants
L'innocence nous portait en chantant le cœur léger et chargé d'émotion
Au croisement de deux mondes, dense d'une réalité aux éclats rugissants
La course des saisons offraient mille couleurs à mon imagination
Mes yeux se ferment mes poumons se gonflent des effluves de résines
Je suis à nouveau dans les sentiers de mon enfance foulant les lits de myrtilles
Je sens cette vague de fraîcheur que les sous-bois emmagasinent
Nos voix chantent à la cime des arbres sous les pluies d'étoiles qui scintillent
Jamais cité ne fut plus majestueuse et forteresse ne fut plus infranchissable
Que La Roche du Corbeau surplombant la belle vallée de mon enfance
Turckheim, Niedermorschwhir restent au commun des hommes imprononçables
C'est un accent qui ne chante pas comme au sud, mais s'offre généreux sans exubérance


Valérie Naelle





















































lundi 15 décembre 2014

De sable et d'or




Fontaine Médicis-Jardin du Luxembourg-Paris
Galatée dans les bras du berger Acis


Arena y oro

C'est triste les fleuves
Ils sont toujours de départ en départ
Comme s'ils cherchaient à nous mettre à l'épreuve
Moi, j'aimerais être une lagune
Pour rester à refléter ton corps
L'édifier tel un rempart
Couvrir ta peau de sable et d'or
Y glisser mes doigts comme le vent sur les dunes
Sans percevoir le temps s'écouler
Aux creux de ma main, ton cœur le sceller

J'aimerais tant vouloir te sentir auprès de moi
Entre mes mains, je tiens ce livre de poèmes
Il est couvert de poussière, des parfums qui viennent de toi
De nos jours heureux, de mes heures froides, de ma Bohême
Je dépose à la stèle de nos souvenirs
Ces bouquets d'herbes mauves et sauvages
Les eaux du Lac ont ce gris sans âge
Sans ton éclat, sans ton retour, sans tes sourires
Dans ses eaux, j'ai retrouvé tous tes messages
Qui me parviennent et me rappellent ton visage

Je voudrais comme hier dans mes bras te serrer
Ne plus penser à rien, ni à personne
Et qu'au fond de mon cœur, tes mots d'amour résonnent
Comme ils chantaient sur tes lèvres déposées
Un été sans chercher à t'écrire, sans savoir pourquoi
Sous un soleil qui pâlit qui sent déjà l'automne
Tu ne sais combien, j'ai besoin de t'avoir auprès de moi
Lorsque la nuit ma mémoire frissonne
Aux eaux du Lac, j'envoie toutes mes prières
Pour qu'à jamais, tu demeures ma source et ma rivière

Mais déjà, il est tard, je ne sais plus écrire
Mon corps éreinté à s'endormir aspire
À ce rêve fou de t'avoir moins sage
Dans mes bras que je t'offre pour seul rivage
La nuit règne quelle étrange magicienne
Puisse au ciel se croiser ton étoile et la mienne
Pour que revienne le temps de nous aimer
Oui, tout bel amour ne devrait jamais s'oublier
Au lac, j'adresse toutes nos pensées égarées
Que ces eaux emportent à jamais nos cœurs blessés

Valérie Naelle







samedi 13 décembre 2014

Les couleurs de l'éclat






Quelles sont les couleurs de l'éclat
Elles ont votre sourire et aussi votre rire
Quelles sont les couleurs de l'éclat
C'est, cette chanson, mon cœur, mes rimes entraînantes
Ces mots murmurés à votre oreille
Quelles sont les couleurs de l'éclat
Votre voix que j'entends m'appeler par mon nom
Oui, c'est bien votre voix
Impossible d'imaginer qu'elles n'existent pas
Toutes ces couleurs gorgées d'éclats






" Mon cœur, mon petit cœur
Avec vos yeux d'enfant
Caché derrière cette jolie barrière
Que vous portez à votre joli nez
Vous avez l'éclat et vous êtes l'éclat
De toutes mes heures, de toutes mes journées
Demandez-le-moi encore
Quelles sont les couleurs de l'éclat
Vous ne me posez plus la question
Vous êtes déjà partis dans votre petit paradis
Revenez, car je vous... Non, je ne l'écrirais pas
Juste pour vous taquiner
Ma muse, vous êtes ma muse
Je reste malgré moi, votre belle enfant
Qui cherche encore toutes ces couleurs
A tout bel amour, je me défends
Pour rester la gardienne de votre cœur "




Murmurez ce petit poème et pour me défendre
De ces belles dames en blanc et noir, oui, je les mettrais en cendres
Je ne lutterais pas seulement en belle lionne, bien plus, en chef
Pour rester la gardienne de votre cœur en y déployant telle une nef
Toutes les forces de mes voiles grandes ouvertes jusqu'à vos lèvres
Ornant mes poignets de vos baisers, ces jolies pièces d'orfèvres
Oui, je saisirai vos lèvres pour les déclarer ma possession
Afin d'y déposer toute fière, ma plus belle concession
Une étendue vaste, bien plus grande que le monde
Où la terre immense de mes mots se ferait vagabonde
Subsistant seulement, de votre eau et de la mienne
Que je vous offre afin que jamais ailleurs, ne vous retiennent 



 Valérie Naelle






Des morceaux de mon coeur





Des morceaux de mon cœur

Je ne vous dirais jamais, je vous aime
Car mon cœur est empli de vous
À tel point essoufflé de vous aimer
Qu'il en meurt un peu plus chaque jour
Si les mots ne trouvent pas toujours leur place
Sans doute Manque-t-il à mon esprit peu d'horizons
Pour vous imaginer

Je ne vous dirais jamais, je vous aime,
En des termes qui n'auraient la douceur
Des vents et la fraîcheur des pluies
Si les mots me manquent sans doute
La raison vient-elle de ces émotions
Qui me submergent lorsque vos yeux
Se perdaient dans les miens

Je ne vous dirais jamais, je vous aime
Sans le penser vraiment par habitude
Pour couvrir et nourrir une certaine lassitude
Il me faudrait plus d'une existence
Pour remplir tous ces poèmes
Que je vous envoie à travers le temps
Et remonter l'espace qui nous sépare

Je ne vous dirais jamais, je vous aime
Ces mots claironnés en versets stériles
Affublés d'étoiles, de fleurs, quel mortel ennui
Il me manquera toute une vie
Pour mendier vos mains dans les miennes
Et sentir la caresse de vos baisers sur mes joues

Je ne vous dirais jamais, je vous aime
Tous ces mots qui perdent leurs sens
D'avoir été trop dits et trop entendus
Si mon cœur combat tous ces mots d'amour
C'est pour mieux en conserver la douceur
Sur ces bouts de papier, des morceaux de mon cœur
Qui vous sont offerts

S'il m'arrive de vous aimer tout de même
C'est un tout qui prend des allures de bohème
Où je donnerais bien plus que mon corps
Bien plus que ma vie, bien plus que mon sang
Juste pour vous nourrir

Je n'aurais jamais assez de vie et de temps pour vous dire
Je t'aime, je t'aime
Que je sème en grains d'éternités où fleurissent des champs d'éternels
Où meurent des poussières d'étoiles qui illuminent mon cœur
  

Valérie Naelle   






samedi 6 décembre 2014

Les voiliers en cage




Genève 2014


Les voiliers en cage


Je conserve vos verts et vos bleus au fond des yeux 
Des améthystes et des émeraudes qui scintillent
Joyaux immobiles au cœur d'un pays aux versants soyeux
Dont les eaux abritent à leurs surfaces de fragiles flottilles

De gracieux bateaux toutes ailes déployées et parées d'élégance
Sur le lac Léman, les voiliers sont comme de grands oiseaux en cage
Qui cherchent à la force des vagues et des vents quelle arrogance
À s'affranchir de l'horizon sans jamais en trouver le passage

Vos verts et vos bleus s'inspiraient de nos secrets d'enfants cachés
Sur des feuilles mobiles aux encres vives à peine séchées
Où l'on osait se dire, je vous aime qu'en timides murmures
Nous n'avions alors que la course des nuages pour seules armures

Le temps a comblé peu à peu entre les feuilles de l'arbre de nos vies
Ces petits vides où tous les vers bleus dans l'enfance qui survit
Meurent lentement effaçant toutes nos promesses et nos messages
Ces belles confessions murmurées à l'orée du dernier passage

Je garde vos vers bleus, ces belles sources vives
Qui comblèrent ma mélancolie et mes heures oisives
J'emporte précieusement en mon cœur la douceur de vos rivages
Toutes ces couleurs qui ont fleuri mon âme en si jolis paysages


Valérie Naelle