"On est de son enfance, comme on est d'un pays"

Antoine de Saint-Exupéry

vendredi 14 mai 2021

LES RUISSEAUX DE VERRE




"Matin Bleu" deJacques Bertolini



Les Ruisseaux de Verre
(Première version en 1983)



Dans le froid de l'hiver
J'ai trouvé une fleur
Une fleur de l'été aux pétales de papier
Aux couleurs de l'amour, au parfum d'amandier
Elle fleurit mon rêve et chante le bonheur
Tout au bout de l'hiver, c'est toi qui es ma fleur
Toi qui as pris mes rêves en un baiser volé
Tu changes mes secondes en grains d'éternité
Ton visage illumine mon cœur


Mes aubes sont transies de givre
Où s'éteignent un à un tes sourires
Fragile fleur, tu es entrée dans ma vie sans bruit
Tes regards ont embrasé mes pensées et toutes mes nuits
Si l'amour est parti alors je m'en vais sans fureur
J'emporte scellé à mon infini cette saveur venue d'ailleurs
Et je dépose sur cette belle fin comme au lit du Gange
Nos étoiles qu'inspire l'éclat de deux anges
J'aurais tant aimé que l'on s'aime encore sans nous tarir




Dans la rosée du matin
Jacques Bertolini


Dans le froid de l'hiver
Les giboulées de neige éclatent mon cœur
Je demeure seule sans nos accords, sans tes arpèges
Je vis tel un bateau échoué otage d'un sortilège
Sans voile, sans boussole, sans ton nord
J'ai ouvert la boîte où brûlent les cendres de Pandore
Dans ce calice chargé d'ombres et de lumières
Coulent de limpides ruisseaux de verre, et de pierres
Des encres qui soufflent des mots d'étincelles et d'or
Tombent, tombent les blancs flocons en pétales de fleurs


Vois, je ne suis que l'ombre de mon ombre
Et les étoiles qui dansent ressemblent à des anémones d'or
Chutent, chutent les impalpables flocons sur les ruisseaux de verre
Ces rivières de pierres ont peu d'éclats et sont inodores
Sans ta joie, sans ta voix et la douceur de tes yeux verts
J'offre cet hommage à l'infini que les eaux attisent mes couleurs
Où les perles de glace en transparence glissent enjôleurs
Sur les eaux nues, je me noie, je sombre


À ce feu qui brûle mon âme, l'amour se meurt
Ces petites flammes viennent étouffer ma douleur
Je buvais à ton eau le bel extravagant
Dans ton œil, ciel livide ou germe l'ouragan
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue
Un éclair puis la nuit, fugitive beauté nue
Dont le regard m'a fait soudainement renaître
Ne te reverrais-je plus, toi qui fus mon maître ?
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais
Oh toi que j'eusse aimé, oh toi qui le savais


Valérie Naelle





Image : https://www.flickr.com/search/?text=jacques%20bertolini

6 commentaires:

  1. Réponses
    1. Un peu de lumière sur ce dimanche fait du bien. Merci d'être là. ;)

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  2. C'est un bonheur infini d'avoir choisi mes photos pour souligner ce superbe poème ! Je ne suis pas connaisseur mais j'ai pris un réel plaisir à lire ces lignes ; merci !

    Jacques .

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    1. Merci encore Jacques, pour les photos et votre gentillesse à répondre avec une belle simplicité... Je vous avoue un grand secret, chut ! Personne, personne ne doit le savoir, je ne suis pas une connaisseuse en la matière ;) C'est vrai !!!
      Je préfère m'atteler à des tubes de peinture qu'à la poésie. Le temps seul me manque. Les gribouillis, ça me parle bien mieux ! ;)

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