"On est de son enfance, comme on est d'un pays"

Antoine de Saint-Exupéry

samedi 29 novembre 2014

Mon coeur est noir



L'enfant de L'Île aux Nattes



Mon cœur est silence



Mon cœur est noir
Mon cœur est silence
Sans espoir, sans désespoir
Il franchit le monde sans violence
Tel un pygargue blessé
Qui ouvre ses ailes sur la brisure du temps
Mon cœur est noir des forces du passé
Lumineux comme un jour de printemps


Mon cœur est noir
D'essence libre, d'essentiel
À chaque battement, mon histoire
S'inscrit dans un ciel
Aux nuages crevés par vos lumières
Dans un monde embrassé par les enfers
J'accroche mes  rêves et mes prières
À mes poignets, à mes pieds, je vis sans fers


Mon cœur est noir
Comme la paroi lisse d'une tombe
Aussi pur que la glace et le miroir
Comme s'il rentrait d'outre-tombe
Ma voix est mon cœur
Profonde comme l'océan
Si parfois, elle vous fait peur
La faute vient de mon attrait au néant


À l'étendue de mon cœur reposent des pluies noires
Dont la magie s'étend en vastes territoires
Sur ces plaines d'oublies, en errance
D'une encre noire celle de l'espérance
J'écris contre tous ces maux et l'insoutenable
Contre ces cauchemars que les vents de sable
Apportent en messages de terreur
J'écris contre toute cette horreur


J'offre à vos cœurs mes fleurs noires
Mon bouquet d'amour en douces notes d'espoir
Pour que vos filles et vos fils se souviennent
De l'histoire et qu'à jamais, ils retiennent
Ces tristes heures où nous perdions la foi
Où nos convictions se figeaient dans l'effroi
J'offre à vos cœurs mes noires pensées
Qu'elles vous ouvrent grandes les portes du passé


Valérie Naelle



samedi 15 novembre 2014

La Corne d'Appel





Tafitsaka


La Corne d'Appel 



À tous les bateaux, à tous les marins du port
Écoutez ce chant qui fait battre mon cœur
À tous les océans, aux vagues déchaînées
Entendez-vous rugir la corne d'appel
À tous les vents, aux pluies diluviennes
Soufflez, battez la terre par cette chanson
Aux rugissements des volcans, à la dominance des chutes
Nourrissez mon âme de ce feu, de cette eau pure
Nés d'un temps survenu des profondeurs des siècles

Sur le lit de mon enfance sont déposés
Tous ces mots griffonnés au brouillon
Ces mots merveilleux au goût de miel
Ces mots murmurés qui font vibrer nos cœurs
Je touche comme pour la première fois
Ce passé en baiser à vos lèvres que j'aimais
Le souvenir dans la durée a laissé sauve
Tous ces gestes d'amour, nos tableaux
Qui semblaient égarés

Avez-vous entendu la corne d'appel
Celle qui d'un long refrain claironne sans aucune fin
Cette douce chanson qui parle en latin
D'un amour, le vôtre et le mien
D'une main, je vous donne donc ce refrain
Parce que oui, je m'en souviens
Lorsque je vous écrivais que je vous aimais
En dessin au fusain, vous suiviez mes traits
Deux cœurs en un accouplés, mais jamais au matin

À tous les bateaux, à tous les marins du port
Dispersez ce chant aux quatre vents
Du nord au sud, d'est en ouest
Que naisse autour de la terre
Cet amour claironné par la corne d'appel
Ce bel amour qui traversa le temps
Puis dansez en ronde ces notes et versets
Qui parle d'un amour à jamais oublié
De baisers volés, de doux secrets accordés

Prenez et buvez à grande eau
Ma chanson chantée par ma corne d'appel
Cette chanson, vous pouvez la coucher dans vos cahiers
Conservez et protégez ainsi nos secrets
Puis laisser les franchir le temps et l'espace
Qui séparent nos esprits et nos doux sentiments
Prenez et buvez à grande eau
Cet amour qui vit à jamais
Au son mélodieux de ma corne d'appel

Valérie Naelle


lundi 10 novembre 2014

Les vents contraires





Serments d'Amour


Aux vents contraires, je fais une prière
Celle de ne jamais oublier vos serments d'amour
Vos versets coulaient tels des bras de rivières
Et comblaient mon cœur jour après-jour

Aux vents contraires, je fais cette requête
Croiser nos destins et qu'à jamais demeure
Vos mots murmurés qui résonnaient en fête
Et coloraient mes joues de belles couleurs

Aux vents contraires, je plaide pour nos deux cœurs
Contre le temps et ces chemins qui nous séparent
Combien de fois n'ai-je espéré à force de pleurs
Vous effleurer plus encore, que nos liens se répare

Aux vents contraires, je demande une trêve
Afin que nos toujours soient à jamais protégé
Que le poids de l'oublie n'écrase mon rêve
Celui de vous tenir encore pour vous bercer

Aux vents contraires, je reste seule et le demeure
Une survivante sans complainte à vos silences
Si mon cœur vous a semblé si loin de vos heures
C'est dans l'abstinence que j'ai survécu votre absence

Aux vents contraires, je fais une dernière prière
Parcourir libre la douce chaleur de vos océans
Gonfler mes voiles jusqu'à vos lumières
De ma bouche insuffler à nos vies les forces du néant

 
Valérie Naelle






samedi 8 novembre 2014

Voyager dans la lumière du monde





Nosy Be




Bancs de sable



Les courants ont leurs mystères
Des eaux étranges où vont et viennent
Des vagues d'écumes blanches et légères
Que la brume enveloppe d'une étreinte tranquille
Les courants apportent et emportent des secrets
Tant de messages  échoués à nos pieds  
En mots tendres et murmures discrets
Lisses comme les galets que le temps compose


J'ai dans le cœur la magie noire chavirée
 Des courants liés aux bancs de sable
Dans mes yeux brillent des ciels rassurants
Que l'horizon enlace de teintes indéfinissables
J'ai ces bruns délicats sur ma peau
Que le soleil caresse paresseusement
Et je cache sous mon vieux chapeau
Des mots où les astres chantent délicieusement

Aux bancs de sable, j'abandonne mes couplets
Pour livrer aux vagues indécises mes mots
Ni manque, ni désespoir dans mon cœur
Seul mon amour traverse l'infini 
Aux bancs de sable, j'insuffle d'un baiser
D'un souffle de lumière 
La douceur de mon étreinte apaisée
Sur les bris de nos rivages désertés 
Mon cœur chemine sur la brise vagabonde
D'espérance noyée qui dérive intemporelle


Aux océans, aux dunes infranchissables
Où le vent et l'air fusionnent incorporels
Aux creux de mes mains glisse entre mes doigts
Les chants terrestres et le bruit du sable
Que l'univers enserre
D'un amour dont la source naît des étoiles


Croiser l'écume
Marcher dans les vagues
M'éblouir des bleus et des jaunes
Voyager dans la lumière du monde

Vivre
Détaché de tout
Vivre libre
Vivre



Valérie Naelle









lundi 7 avril 2014

La fille de la Rue des Clefs









Quartier des Tanneurs


Je suis une enfant de la Petite Venise
Une fille de la Rue des Clefs
Embrassée par un pays de neige et de lumières
J'ai tracé sur mon chemin, emporté dans mes voyages
La mosaïque colorée des façades à colombage
Le jeu des vagues vives et pétillantes
Des cascades de Géraniums Rosat
Qui fleurissaient aux balcons
Telles des oriflammes multicolores
À ma devise, j'ai transcrit
L'envol intemporel des cigognes blanches
La force des Diables Rouges aux cœurs farouches
Porté dans mes songes le doux molletonneux
Des nuages qui s'étendaient au Mont des Trois-Épis


Méditerranéenne
Née en terre étrangère
D'une île parée de poussière d'ocre et de rouge
En mon sang coule le triste temps
Des grandeurs passées d'un monde sans postérité
Moi, Fille de Forbans
Fondateurs de Libertalia dont la bannière se hissait
Aux couleurs des pavillons noirs
Je suis l'héritière sans avoir d'un pays de princesses métisses
Sans palais, sans couronne
Au passé bercé des cités de Phénicie
J'ai dans les yeux la toile profonde, énigmatique en bois d'ébène
Qui rappelle à nos mémoires
Qu'ils traversèrent le monde en homme
Libres, Esclaves, et Maîtres
Qu'ils arrivèrent des confins
Des Mers du Levant, du Pacifique et du Mozambique
Qu'ils étaient
Aventuriers, navigateurs, bâtisseurs
Helléniques, Persiques, Indonésiens
Bravant contre vents et marées
Un monde de cyclones
Sur la ligne imaginaire
Du Tropique du Capricorne


Moi, la petite promeneuse du Galtz
L'invitée de la Tour du Bourreau
Et du Caveau Saint-Pierre
La contemplative de la Maison Pfister
La flâneuse du Champ-de-Mars
Loin de vos couleurs
Je reste votre douce, votre désinvolte
Éprise de liberté, assoiffée d'espace
Si mes rêves ont navigué bohème
Des rives du Rhin
À l'Île aux cygnes
De la Baie d'Elliot
Aux Calanques Bleues de Massalia
Jusqu'au bord du Léman
C'est dans l'eau trouble de la Lauch
Que mon encre trouva sa douce inspiration


Aux Quais des poissonniers
Quartier des Tanneurs
Vous m'aviez offert deux perles sombres 
Qui jamais n'ont perdu de leurs éclats
Deux cadeaux de la providence
Déposés sur des lits de myrtilles
Des bancs de l'Assomption
Au salon d'Iffenecker
Je vous ai tant parcouru
Ma belle et vieille ville
Vous dont les passages ouvrirent mon cœur
À mes premiers amours
Insufflèrent à mes premiers baisers
Cette mélancolie légère et sucrée
L'éclat de mes quinze ans


En parcourant les mystérieux couloirs
Du cloître d' Unterlinden
Le pas léger, insouciante
Mon cœur et mes yeux fléchirent
Au retable d'Issenheim
Dans mon premier voyage
Au pays de la couleur
Au temps passé, chaque seconde
Capturait un avant-goût du Paradis
Une fraction d'éternité volée à la lumière
Où ma main a cherché en enfant appliqué
À retracer par vos lignes vallonnées
Des mots qui prenaient appui
Sur l'horizon du Grand Ballon
Et du Petit Ballon


Je reste la fille des Lacs
Blanc, Noir et Vert
Une gamine du Chemin du Petit Faudé
Et du Haut-Koenigsbourg
De Labaroche à la Vallée d'Orbey
En passant par Kaysersberg, Niedermorschwir
De l'étang du Devin
Jusqu'au Col du Linge
J'ai fleuri mon âme de toutes vos couleurs
Cacheté mon cœur aux encres bleues de vos ballons
Rafraîchi mes versets à l'ombre de vos ruisseaux
Empli mes rêves des champs de bouton d'or
Foulé vos parterres de résines
Aux pieds des croix du souvenir
Scellé mes saveurs de miel, d'églantine sauvage
De confiture de mirabelles et de tarte à la rhubarbe

En traversant le monde
Mon étoile et mon infortune
Au creux de mes mains
Jamais je n'ai oublié
D'où je viens et qui je suis
Certes, mon accent s'est perdu
Pourtant, il me restera au fond du cœur
La légèreté de mon enfance Alsacienne
Vos chansons et vos danses
Cette nonchalance voyageuse
Dans la démarche de mes phrases


Colmar
Ma belle ville
Recevez mes proses,
Ces bouquets de mots en rubans délicats
Nouez-les à vos grands papillons noirs
Telle votre belle-enfant
En retour et par constance
Je vous offre mon cœur et ma joie
D’avoir emporté votre douceur de vivre
Héritez de ma ballade douce et légère
Où tout esprit modeste m'anime
À faire luire au phare de mes lettres
En votre faveur
Vos lumières à celle de mon siècle
Recevez, ma ville, ces douces pensées d’une amie
Qui vit loin de vos couleurs
Et vous gardera à jamais en son cœur toujours

Valérie Naelle