Merci àJulie Gauthier pour cette
délicieuse et légère évasion, hors du temps.
Parfois les mots ne sont pas toujours
utiles.
Une bonne année à vous pour cette
nouvelle année 2020.
Je suis la rivière qui chante
À mon bras qui se balance
Chancelle et danse
La farandole des belles filantes
La lune ronde se couvre les yeux
D’étoles impalpables de nues
Du vol des éphémères mystérieux
Qui se meurent sur la brise ingénue
L’ombre passagère et gracile
De la mouette étincelante
Éffleure d’un battement de cils
Le flux des marées montantes
Elle traverse silencieuse
La nappe immobile et secrète
De l’étale paresseuse
Où se pavane la Grande Aigrette
Je suis la rivière vivante
Je voyage à travers des siècles de légende
Avec mes vignes de Graves si loin des Landes
Ma province a des airs de La Toscane troublante
À la lisière des crêtes qui ondulent
La pluie compose des bulles et sillonne des
ridules
La brume nimbe de son manteau d’hermine
La Galante Gabare girondine
Deux cygnes valsent en panache
À la dérive sur le courant du jusant
Les encolures alanguies en arche
Leurs ailes déployées dans le néant
Crèvent les ténèbres d’une nuit
Éclairée des feux des nébuleuses
Au matin, le milan royal croise la pluie
Et l’ivresse de la mouette rieuse
Je suis la rivière mystérieuse Méandre qui serpente lumineuse Au flanc de L'Entre-deux-Mers De ma province douce-amère Mes crus fleurent les fragrances troublantes Du feu brûlant des amarantes L'aube esquisse d'un rayon de lumière Et d'éclats de grenat la flamboyante rosace De la paroisse tournée vers l'estuaire Les palombes signent sur l'azur ma dédicace Au fil des saisons que le temps barbouille Ni la tempête océane, ni la houle tourmentée Ne viennent briser le silence des gargouilles Dont les gueules crachent des larmes argentées Valérie Naelle |
À l'ombre des grands peupliers
À ciel couvert par un doux bleu d'opale
Un jardin d'hiver ouvre toutes ses portes
Sur un château de fées
À l'ombre des cyprès
Des châtaigniers et des marronniers
En aval d'un chemin de mystère
Sous le regard des statues de pierres amusées
Une fontaine abrite sans discrétion d'étranges oiseaux
Des clandestins aux cris railleurs
Aux plumages multicolores arrivés des pays lointains
Ces oiseaux moqueurs sont d'audacieux voltigeurs
Sur la surface de l'eau, sans ménagement
Ils ont pris possession de cet océan des merveilles
Le parc aux allées de dentelles étincelantes
Gardé fidèlement par d'antiques dieux
Est resté à découvert de ces pilleurs
De biscuits de qualité supérieurs uniquement
Le cru de ce qu'il se fait de mieux
Dans la ville de Sceaux où l'ont dit
Les boulangers et les chocolatiers sont les meilleurs
Voltigeant de-ci, de-là Ils quittent les sous-bois de ce petit coin de paradis Poursuivant les promeneurs jusqu’à les débusquer Sous les cerisiers japonais Ils viennent mendier et picorer été comme hiver Puis s’en vont ragaillardis
Ces
canailles désinvoltes ont l’audace
De ne point connaître la monnaie
Ces oiseaux malicieux vont à la quête
Comme ils vont au bal sans jamais se soucier Sous le regard suffisant des merles râleurs Et des cygnes emmitouflés d'hermine
J’ai dans
le cœur la douceur des étendues de jade
Des sapins à l'aplomb rectilignes
Et des jets
spectaculaires émergeant des bassins
Pour la plus grande joie des flâneurs et des écoliers
Valérie
Naelle
Sceaux, janvier 2013-02-07
Pour toi Maëlys, ma puce
Je sais que tu adores cette chanson
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"Emma" |
Elle se leva sans le quitter du regard, l’air battait sa robe de dentelle blanche. Elle marcha dans sa direction, puis s’immobilisa comme arrêtée à la limite du monde.
L’instant ne dura que quelques secondes, une truite arc-en-ciel se souleva des eaux et en éclaboussa la surface. Une pluie fine se mit à tomber, filtrant les rayons du soleil, troublant le flux régulier de l’eau en éclat de perles lumineuses. C’est alors qu’il la vit plonger dans la rivière et suivre les remous du poisson sauvage. Elle nagea une longue brasse sous l’eau, les boucles de ses cheveux se dispersèrent à la surface formant le contour vague d’une aile d’ange puis, elle disparut aussi brusquement qu’elle lui était apparue.
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"Le Héron Bleu"
Dan |
C
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"Clos Pichat-Parc Pichat-Pierres dorées"
Vallée d'Azergues de tamycoladelyves |
Heureux, celles et ceux qui trouvent leurs chemins aux choses les plus simples
Heureux, celles et ceux qui ont su garder leur âme d’enfant
Et la sublime grandeur d’un amour unique
Bienvenue, à vous dans la maison des Êtres Rêvés
Valérie Naelle |
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"Sirène" de Ciloon |
E
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"Libellule en vol" Charlie Lamare |
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"Ponton" un après-midi méditatif
Jeff |
Le temps s’était écoulé telle une eau dont la source s’était répandue pour se tarir là, à l’orée d’un monde qui s’échappait de ses veines.
Au soir de sa vie, il saisit cette fuite du temps et ferma pour la dernière fois les volets de sa chambre. Son regard s’était éloigné rêveur au-delà des coteaux et des pentes escarpées couverts des brumes matinales. Les couleurs de l’automne stuquaient les forêts et les prairies d’une nouvelle palette, un mélange velouté d'or et d’ocre pigmentait la terre tel un manteau de fauve.
Il contemplait le corps harassé, la valse insouciante des feuilles qui tourbillonnaient poussées par le vent. Son souffle lui parvint tel un murmure apportant un message.
Un écho grave en surgit comme arraché des profondeurs d’un âge si ancien que les hommes en avaient oublié le langage.
Le front posé contre la vitre, il contemplait, dans le ciel entre bleu et gris, le vol des grues qui s’éloignait intemporel. Elles venaient là, chaque année, et couvraient de taches blanches la surface polie de la rivière.
Leurs ailes déployées effleuraient dans un long silence les reflets verts dorés d’une eau profonde. Son enfance était là quelque part dans leurs ombres déformées qui se détachaient de la surface de l’eau.
À l'unisson, d'un seul corps, il les vit prendre soudainement de l’altitude traçant dans le ciel des cercles et crevant les nuages de leurs becs. Puis, guidées d’une inspiration nouvelle, elles s’éloignèrent dans la direction du sud. Il les regarda disparaître entre brume et pluie fine happées par l’horizon.
Il retrouvait dans les battements de leurs ailes, son enfance, la rivière en cette journée de pluie et le souvenir d’une curieuse enfant, celle d’une fillette assise au bord d’un ponton, les pieds nus se balançant dans le vide effleurant la surface de l’eau.
Elle portait un chapeau de tissus blanc noué délicatement d’un ruban bleu agrémenté d’un petit papillon blanc en dentelle. Une mèche de ses cheveux se dessinait en une boucle souple sur son cou gracile et se posait délicatement sur l’une de ses épaules.
D’une main, elle avait dégagé cette boucle puis l’avait glissée dans un chignon improvisé en relevant la tête comme pour parfaire son geste. Ses grands yeux clairs se posèrent sur lui, l’enfant de la ville.
C’est ainsi qu’il la vit pour la première, un bref instant qui resta si profondément gravé dans sa mémoire qu’il lui arrivait parfois de la voir dans ses rêves. Jamais aucun regard humain ne vit rien d’aussi intense beauté, encore qu’âgé à peine de cinq ans et bien plus jeune qu’elle, il ne pouvait alors concevoir tout l’impact de cette rencontre.
Il était resté là, bouche bée, émerveillé et perdu dans le clair de ses yeux qui semblaient rire sans qu'étonnamment qu’aucun sourire ne se signait sur son visage.
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