"On est de son enfance, comme on est d'un pays"

Antoine de Saint-Exupéry

samedi 12 octobre 2024

Sans jamais se retrouver

 

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"Un jour de printemps dans le jardin de Minuit"




Sans jamais se retrouver
 


Franchir indéfiniment le passage

Qui me ramène sans fin à vos yeux

Où filent des pléiades d’étoiles

D’un désir ardent naît le souvenir

Mais rien n’est plus poignant

Qu’émerger d’un mirage

D’un passé abandonné

Où le matin a tout consumé


D’un revers de main

Le livre de nos vies s’ouvre et se ferme

Pages après pages passent les saisons

Nos inspirations se consument

Nos illusions s’évaporent en nuées

Comment peut-on souffrir autant

D’absence

Sans plus pouvoir verser de larmes

 

La pluie ne cessera de chuter

En la demeure d’un cœur brisé

Un cœur dont le rêve où même

Offrir tous les printemps du monde

Ne suffirait à combler  ces vides

Ce sentiment d’amertume

De présence sans présence

Cruel  et doux 

 

Renaître encore et encore

Dans les mondes d’avant et d’après

Saisissons ce même choix

Briser le sceau de l’infini

Aux rivages Des Rivières de L’oubli

Buvons à ces  Eaux Célestes

Et retrouvons nous encore et encore

Pour s’aimer sans jamais se retrouver

 

Dans ces  vastes mers immobiles

Errons sur l’échelle du temps

Égarons nous loin des turbulences

Retrouvons nous à jamais

L’espace d’un instant 

Et faisons l’unique vœux

De nous aimer sans fin

Sans jamais nous retrouver

 

Valérie Naelle







vendredi 11 octobre 2024

Yong buai shi de Ruan Ji 210-263


"Mer d'Oubli de MR"


Ce que j'ai au cœur

Yong buai shi

IX

Je suis monté  en haut de la Porte de l' Est

J'ai contemplé au nord les hauteurs de Shouyang
À leurs pieds un vieil homme coupait le
s osmondes

Sur leur sommet croissaient  des arbres magnifiques 

Reverra-t-on un jour un matin auspicieux ?

Le givre a pris en glace le col de ma robe.

Un cruel aquilon fait frissonner les monts 

Et de noires nuées s'élèvent, lourdes d'ombres.

Des oies sauvages pleurent en partant vers le sud,

Un épervier fend l'air de son cri désolé.

La note shang s'en va, peignant le monde en blanc

En un très long sanglot qui me blesse le cœur


XXXII


Les rayons du matin ne brillent pas deux fois 

Le blanc soleil très vite  disparaît  à  l'ouest 

Un hochement de tête et nous voilà partis.

Pourquoi faudrait-il donc prendre mine d'automne ?

La vie de l'homme n'est que poussière et rosée 

Quand à la Voie du Ciel, elle est si loin de nous…

Le jour où Jin de Qi a gravi la montagne,

Ses larmes ont coulés en flots entremêlés 

Quand Confucius, le Saint, s'est penché sur le Fleuve,

Il s'est fort attristé de sa fuite rapide.

Je ne puis rattrapé celui qui est parti

Et ne saurait attendre celui qui viendra.

Je voudrais tant monter au sommet du mont Hua

Pour y baguenauder avec messire Song

Le pêcheur savait bien que le monde est mauvais

Sur sa barque légère il céda au courant 


"Le merveilleux avec le poète Ruan Ji;  malgré le temps qui nous sépare, il reste pour toujours contemporain . Juste deux strophes de ce poème magnifique. En fonction de l'humeur, on ne le perçoit jamais de la même manière. C'est toujours avec exaltation que je relis l'un de mes poètes préféré dont je me suis sentie si proche telle, une vieille amitié perdue quelque part dans le temps.

J'aime la fougue, la liberté sauvage de Li Bai, l'amour que portait dans son cœur notre belle nature, Wang Wei. Il est triste de m'avouer que je n'ai jamais ressenti cette émotion pour nos poètes européens qui ont pourtant tant de beauté également. On ne peut contrôler son cœur ou l'astreindre à la volonté d'une exigence même culturelle. 

Nous avons beau marché pour trouver le chemin qui nous paraît le plus beau pour s'émerveiller d'un paysage, nous suivons toujours ce sentier familier qui  touche notre cœur. En finalité, que cette émotion vienne du nord ou du sud, qu'elle ait parcourue des siècles,  qu'elle vienne du fond des âges, d'un pays si lointain dont vous ne verrez sans doute jamais le paysage, seule l'émotion pure qui nous porte, le respect et l'humilité que nous ressentons  à lire et relire demeure la plus belle preuve d'amour des mots."



Auteur-compositeur Xu Jialiang

Lucioles de YUN Tong-Ju



Lune de MR


Lucioles 


Allons allons allons 

Dans les bois allons

Glaner des morceaux de lune

Dans les bois allons .


La nuit noire, les lucioles 

Morceaux émiettés  de lune,


Allons  allons allons 

Dans les bois allons 

Glaner des morceaux  de lune

Dans les bois.


YUN Tong-Ju

1937